Crédits photos : Lucia Grémont, Romain Réal
C'est toute une page de l'histoire récente du Annecy Handball qui va se tourner dans quelques semaines. En effet, en poste depuis l'été 2009, Raphael Planchet a décidé de quitter le club pour rejoindre Aix en Savoie qui évolue en Nationale 2 et annonce un projet de monter en Nationale 1 à court terme ; une opportunité que le technicien venu de Saran et Sully ne pouvait pas laisser passer.
Après deux montées en Nationale 3 (2010 et 2014), une victoire historique en Coupe de France régionale (2014) et un maintien confortable assuré ce printemps, « Raph » a annoncé son choix aux joueurs et aux dirigeants à la mi-avril et sa succession a immédiatement été proposée à David Gautrais (salarié du club, notamment en charge des -18 France depuis deux saisons) qui a accepté le challenge avec enthousiasme. Willy Alili restera l'entraîneur adjoint et le staff bénéficiera de l'accompagnement de Rudy Bertsch (fondateur du centre de formation de Chambéry et en lien avec Annecy Handball depuis une dizaine d'années).
La nouvelle est de taille et rien de plus normal que de donner la parole à Raphael Planchet pour une longue interview dans laquelle il explique son choix et fait le bilan de ses six saisons annéciennes.
Annecy Handball : Avant d'en venir à ta décision, parlons d'abord de ton parcours au Annecy Handball. Parle nous de ton arrivée sur les bords du lac à l'été 2009.
Raphael Planchet : « Je cherchais un boulot de salarié au sein d'un club. J'avais des propositions de clubs de Nationale 3 et Nationale 2 mais plusieurs choses m'avaient alors convaincu de rejoindre Annecy, à commencer par la possibilité de travailler aux côtés de Rudy Bertsch qui est une référence de la formation en France, l'objectif de faire monter et de stabiliser le club en Nationale 3, la région ou encore la proximité de Chambéry et la possibilité d'envisager un projet intéressant et ambitieux avec un rapprochement avec Annecy-le-Vieux. Le club avait manqué la montée en Nationale 3 depuis plusieurs saisons et nous avions remporté le championnat de Prénationale dès la première saison. »
A.H. : Justement, quels sont les meilleurs souvenirs que tu gardes de tes six saisons annéciennes ? Les titres ? Des matches en particulier ?
R.P. : « Je ne vais pas être original mais la victoire en Coupe de France à la Halle Carpentier reste comme le meilleur souvenir de ma petite carrière de handballeur ayant évolué au niveau national. Le temps d'un week-end, nous nous sommes rapprocher de ce que vivent des joueurs professionnels toutes les semaines. Ensuite, les deux montées : la première en 2010 à l'issue de ma première saison au club avec un groupe d'anciens (notamment avec Willy Alili et Stéphane Pouthze) et la seconde l'année dernière avec un aspect fort et plus personnel. Des matches ? Je pourrais en citer des dizaines mais trois me reviennent particulièrement : mon tout premier match avec Annecy (c'était à Sallanches en Prénationale, nous avions perdu et compris que rien ne serait facile), la défaite à la maison contre Saint Flour un dimanche après-midi de février 2012 qui avait précipité notre descente et plus récemment la victoire à Firminy en janvier dernier (là où nous avons définitivement démarré la saison après un scenario parfait et l'effervescence du groupe en deuxième mi-temps qui nous a fait dire que çà sentait bon). »
A.H. : Quels ont été les passages les plus difficiles ?
R.P. : « La descente de Nationale 3 à Prénationale avait été difficile en 2012 car elles faisaient suite à plusieurs choix forts comme mon choix d'arrêter de jouer et me concentrer sur mes fonctions d'entraîneur et de cadre technique fédéral. J'avais mal évalué les joueurs et les circonstances m'avaient alors obligé à reprendre sur le terrain. La saison suivante (nous terminons quatrièmes de Prénationale en 2012-2013) aura été la plus difficile personnellement, humainement et psychologiquement, principalement du fait du manque de communication avec Jean Serge Valmar (co-entraîneur). J'avais mal vécu l'intersaison qui avait suivi mais je n'ai pas voulu abandonner le projet du club à ce moment là. Je ne voulais pas partir là dessus, il y avait quelque chose à faire avec cette génération et les dirigeants du club m'ont accordé leur confiance. »
A.H. : En six ans, tu as dû avoir le temps de nouer des relations fortes avec des joueurs, des dirigeants et des entraîneurs. Avec qui as-tu tisser le plus d'affinités ?
R.P. : « Nous avons déjà parlé de Rudy Bertsch ou encore de Stéphane Pouthze lors de ma première saison au club. C'était un bonheur de travailler avec un vrai personnage du club comme Willy Alili avec qui je partage plein de valeurs. C'est un passionné du jeu plein de charisme, d'influence et avec un côté humain que j'apprécie beaucoup. Les dirigeants (Stéphanie Garin et Gilles Saintvoirin) m'ont accueilli et transmis toute leur confiance et je leur suis reconnaissant pour tout çà. Chez les joueurs, Bastien Chevarin est un personnage attachant et le partenaire idéal que tout joueur rêve d'avoir, avec lequel tu peux partir à la guerre, capable de déconner puis de se mettre au boulot dans la seconde qui suit. Dans un style plus discret et réservé, j'ai apprécié de jouer avec Damien Georgel qui est lui aussi quelqu'un de fort dans le club. Je pense aussi que Stan Renson fait partie des nouvelles personnalités du groupe et du club. J'ai aussi rencontré Roland Lehmann qui était arrivé au club fin 2011 et qui est devenu un ami. »
A.H. : Quelle image aimerais-tu que la communauté du Annecy Handball garde de ton passage ?
R.P. : « Je ne sais pas trop. J'espère qu'ils me voient comme quelqu'un de professionnel, qui fait son boulot correctement et qui a toujours eu le souci de faire du mieux possible. »
A.H. : Venons en à ton choix de quitter Annecy Handball pour rejoindre Aix en Savoie. Peux-tu nous dire comment se sont passées les discussions avec le voisin savoyard et les raisons de ton départ ?
R.P. : « Tout est allé très vite. Début avril, le capitaine aixois (Arnaud Duffey) que je connais par ailleurs m'a contacté pour me demander si je pouvais être intéressé pour entraîner Aix. Je ne suis jamais fermé par définition et tout allait dépendre de la proposition et du projet des dirigeants. Le président m'a appelé et nous nous sommes vus le lendemain. Il m'a présenté un projet ambitieux (rejoindre la Nationale 1 à court terme) et je sais aussi qu'Aix est un club en avance sur pas mal de choses par rapport à Annecy, plus professionnel, avec une structure capable d'assumer le haut de tableau de Nationale 2 voire la Nationale 1, un public plus présent...Un autre élément a été décisif dans ma décision : la présence de Guillaume Gille qui joue un rôle de consultant-entraîneur adjoint depuis la saison dernière en intervenant très régulièrement à la demande de l'entraîneur. Comme avec Rudy Bertsch à Annecy, ce sera un plaisir de pouvoir évoluer aux côtés d'un grand joueur comme Guillaume. »
A.H. : Dans ta réflexion, as-tu considéré qu'il serait difficile d'aller plus loin avec l'équipe d'Annecy ?
R.P. : « Oui, il est vrai que la marche de la Nationale 2 paraît encore un peu loin pour Annecy Handball. Même si le club s'est lancé en début d'année dans l'accompagnement avec la Ligue Dauphiné Savoie concernant sa structuration (une très bonne nouvelle), il est encore trop tôt pour savoir s'il aura les reins assez solides pour espérer vivre en Nationale 2 à long terme. Le club est en train de se transformer et de franchir le cap d'un petit club de Prénationale à une structure pérennisée en au niveau national. Je vois des similitudes avec le club de Sully qui évolue depuis une vingtaine d'années en Nationale 3 et en Nationale 2. Je souhaite à Annecy de connaître le même parcours. Et puis, je pense qu'une carrière d'entraîneur se construit par rapport aux opportunités qui se présentent. C'était le moment pour moi. »
A.H. : Que penses-tu du choix de David Gautrais (que tu avais fait venir au club il y a deux ans) pour te succéder ?
R.P. : « C'était quelque chose de tout à fait logique et cela aurait été déplacé de proposer le poste à quelqu'un d'autre. Je lui en ai parlé dès que j'ai annoncé ma décision aux dirigeants : il a d'abord été surpris car il n'était pas préparé à entendre tout çà mais il a très vite accepté le challenge. Il va pouvoir apporter tout son savoir faire au groupe. C'est un compétiteur et je suis persuadé qu'il va pouvoir se lâcher encore plus avec un groupe senior (par rapport aux -18 France). Il sera bien entouré par Willy Alili sur le plan humain et je vais le voir toutes les semaines dans le cadre de la section handball du lycée Berthollet donc je vais suivre tout çà avec attention. »
A.H. : Pour terminer, raconte nous comment s'est passée l'annonce de ton départ au groupe Nationale 3 qui est intervenue la semaine qui a suivi l'officialisation du maintien après Mende (le 15 avril).
R.P. : « J'avais un peu d'appréhension mais j'ai tenu à mettre mes émotions de côté et de conserver une approche professionnelle. J'ai senti de la déception chez certains ; surtout sur le plan humain et du vécu fort des deux dernières années. Il y a eu un petit flottement dans le reste de la séance mais le comportement des gars contre Cournon le samedi (victoire 25-24) a montré que le groupe n'était finalement pas si perturbé que çà. Nous voulions rendre la situation la moins difficile possible pour les joueurs et nous avions donc travaillé et prévu la suite. Depuis deux semaines, David est en immersion avec le groupe, prend en charge des séances ; le passage de relais est bien assuré. Pas question de laisser le groupe dans l'incertitude. »
Raph disputera donc son dernier match officiel à Chatenoud le 16 mai contre Firminy...