Dans un peu plus de deux heures, l'équipe de France va disputer la finale de son championnat du monde 2017 contre la Norvège. Ce sera un combat de tous les instants qui sacrera des éternels ou des espoirs. Un grand moment à vivre à partir de 17h30.
En attendant, impossible de ne pas revenir sur ce fabuleux mois de janvier qui nous a fait vivre à l'heure des 84 matches à Nantes, Metz, Rouen, Paris, Brest, Montpellier, Lille et Albertville. Il faut bien reconnaître qu'on devenait plutôt impatient depuis l'annonce du pays hôte en décembre 2011, depuis l'élimination précoce à l'Euro en janvier 2016 (contre la Norvège justement) puis la médaille d'argent décrochée à Rio mais surtout depuis la montée en puissance tout au long de la fin de l'année dernière avec notamment l'ascension phénoménale du trophée au sommet du Mont Blanc. A Annecy, le Mondial 2017 avait commencé le samedi 17 décembre avec notre tournoi de Noël où les joueurs de tous âges avaient défendu les couleurs des sélections nationales qualifiées pour la compétition. La Croatie et la Slovénie étaient aussi dans le carré final (bon d'accord, on n'avait oublié la Norvège dans les seize équipes choisies)...
Jusqu'à sept matches par jour parfois, çà donne des idées à nos licenciés. Les entraîneurs ont forcément trouvé l'inspiration, les joueurs ont essayé de reproduire les mouvements des meilleurs du monde à leurs postes. Certains se chambraient même en se surnommant modestement des noms des joueurs de l'équipe de France. Même chez les plus petits, les plus passionnés n'ont manqué aucune rencontre et les parents débriefaient les matches de la veille dans les tribunes...et même pas que débriefer puisque certains regardaient les matches en direct sur leur téléphone en tribunes pendant que leurs fils s'entraînaient.
Et puis il y a ceux qui ont pu se rendre dans une des huit villes hôtes pour s'immerger dans l'ambiance si particulière de ces grands rendez-vous. Des Haut-Savoyards délocalisés de façon permanente à Paris ou qui seront montés à la capitale pour l'occasion mais surtout une vague de monde à la Halle Olympique d'Albertville pour les huitièmes et les quarts de finale. Ces derniers ont d'ailleurs assisté à la plus grande surprise de la compétition en voyant la Hongrie sortir le Danemark dès les huitièmes et pu aisément comprendre la présence de la Norvège en finale, elle qui a dominé la Macédoine et la Hongrie, notamment grâce à son jeu de transition parfaitement exécuté.
Le cadeau de Noël rêvé et qui aura à coup sûr comblé ses bénéficiaires. Quelle joie d'ailleurs de lire le témoignage d'un père de famille aux anges au lendemain du quart de finale Norvège-Hongrie : « Nous sommes partis en famille, à six, c'était notre cadeau de Noël. Arrivés sur place, nous découvrons la salle, le terrain, une atmosphère énorme. Les enfants sont impressionnés. Les tribunes se remplissent doucement mais seront bien pleines à la fin. Avant que les joueurs n'entrent sur le parquet, je pars avec les enfants leur faire une surprise : l'achat du maillot de leur équipe préférée, la France bien sûr. Un responsable nous demande d'ailleurs si l'un des deux souhaite participer au challenge de la mi-temps. Yonis est comme un dingue : il a pu rencontrer les joueurs, entrer sur le parquet devant 6000 personnes, retransmis en direct vidéo sur les grands écrans, la classe ! Son frère Soann l'a largement encouragé depuis les tribunes. A la fin du match, nous quittons les tribunes pour rejoindre la fan zone pour le match de la France contre la Suède. Les petits n'en reviennent pas de l'énorme ambiance que nous y trouvons. En résumé, des rêves plein la tête, surtout pour des enfants qui aiment le hand ; un super souvenir ! »
Des frissons que seule la magie d'un tel événement organisé à quelques kilomètres de la maison peut procurer. L'ambiance a été phénoménale mais les spectateurs ont aussi pu mesurer « en vrai » la taille et le gabarit des plus grands joueurs du monde, la qualité de leurs passes, la vitesse de leurs contre attaques et de leurs replis défensifs, des échauffements éprouvés et récités, des coups de poignet venus d'un autre monde, la lecture et les anticipations des gardiens ou encore des placements défensifs parfaits.
Ne dressons pas non plus un tableau idyllique en rappelant tout de même la polémique sur la non diffusion des matches sur des antennes gratuites (à l'exception de trois rencontres), la longue trêve des compétitions provoquée par l'événement, l'animation très relative dans certains villages dédiés, la dénaturation du handball par la règle du but vide et le supériorité numérique artificielle souvent sanctionnée par des buts sur cage vide ou encore de rappeler que l'affaire des paris n'aurait probablement pas permis aux frères Karabatic de rejouer au niveau international dans d'autres sports plus exposés. Les aléas de l'organisation de la plus grande compétition au monde à la maison, le grand public a aussi ses sceptiques.
Ceci étant dit, ce Mondial 2017 aura été un nouvel accomplissement pour le handball français qui est, pour rappel, triple champion d'Europe, double champion olympique et peut accrocher une sixième étoile mondiale en début de soirée contre la Norvège. Et, profitons de ce moment si fort pour rappeler que l'équipe de France n'existe que grâce aux 518 728 licenciés et bénévoles qui œuvrent au quotidien et à tous les niveaux pour donner envie au plus grand nombre de jouer au handball. Au même titre que les 2387 clubs du pays, les 300 licenciés d'Annecy Handball et toute la communauté AHB peuvent légitimement revendiquer une partie de cette réussite. Par exemple, vous ne le savez peut-être pas mais l'excellent pivot Ludovic Fabregas était venu claquer un 9 sur 11 à Chatenoud avec les -18 France de Montpellier le 2 février 2013 (30-36). Il faut des clubs comme le nôtre et comme le vôtre qui se donnent à 300% face aux centres de formation pour que les meilleurs joueurs de France progressent chaque week-end et atteignent le niveau individuel, technique, tactique, physique et collectif qui fait de la France la nation du handball depuis vingt ans !
Comme depuis deux semaines, des coéquipiers, des amis, des familles vont se réunir pour vivre les soixante minutes tant attendues de cette finale. La convivialité du handball passe aussi par là et va peut-être contaminer jusqu'à dix millions de Français (nous étions huit millions sur TF1 ou BeIn Sports contre la Slovénie). Un engouement général et des frissons pour ceux qui consacrent une partie de leur vie à ce sport, à s'entraîner trois fois par semaines, à jouer des matches sur la moitié des week-ends d'une année, à arbitrer dans des contrées improbables parfois, à tenir la table de marque ou la buvette pendant six ou sept heures non stop, à faire en sorte que les clubs vivent bien.
Alors, enfilez votre maillot bleu, installez vous confortablement dans votre canapé, dans un siège avec une bonne vue au bar ou au resto du coin ou encore à votre place à l'AccorHotels Arena car ce Mondial 2017 en France était le vôtre et cette finale sera la vôtre !