Une des valeurs les plus représentatives du club d'Annecy Handball est indéniablement la fidélité à tous les niveaux. En quinze ans, l'équipe première a été dirigée par seulement trois entraîneurs principaux et c'est une page de sept ans qui s'est tournée cet été avec le départ de Benoît Boucher (et de ses adjoints Willy Alili et Jalil Kouzmet). La nouvelle histoire va désormais s'écrire avec Christophe Spincer qui est arrivé aux commandes du groupe Nationale 1 début juillet. Prenons donc le temps de faire connaissance avec lui...

« Son expérience du haut niveau à titre personnel , ses montées successives de Prénationale à Nationale 1 dans un de ses anciens clubs, une connaissance sur le volet développement du partenariat et des retours unanimement positifs sur son profil », c'est ainsi que la présidente Stéphanie Garin décrit le choix de Christophe qui aura, à court terme, les deux missions de « maintenir l'équipe première en Nationale 1 avec une adhésion complète de l'équipe » et de « participer à la structuration des partenariats et actions de développement du club ».

Le haut niveau, il a baigné dedans pendant toute sa jeunesse dans les années 80 et 90 grâce à son père Maxime Spincer, gardien de but historique d'Asnières puis du Paris Saint Germain, pionnier du handball réunionnais en métropole ayant ouvert la voie à un certain Jackson Richardson (avant les Cazal, Narcisse et tant d'autres) et formateur au PSG depuis plus de vingt ans. Son père « Bud » mais aussi sa sœur Angélique, vice-championne du monde en 2011 avec l'équipe de France, demi-centre de référence à Fleury et Issy Paris et désormais entraîneur de Plan de Cuques dans l'élite du handball féminin. L'héritage est riche et ça parle forcément handball et entraînement chez les Spincer, surtout qu'Aydan (le fils aîné de Christophe) semble vouloir poursuivre la voie du côté des équipes de jeunes de Saran.

Dans ce contexte familial unique, rien de plus logique pour Christophe de faire ses classes en région parisienne, d'abord à Noisiel et Créteil avant de vivre ses premières années seniors aux Paris Saint Germain au début des années 2000. Thierry Anti sur le banc, Sorhaindo, Girault, Annonay ou Diaw comme coéquipiers, deux finales de Coupe de la Ligue contre Montpellier, deux podiums en Division 1, deux saisons en Coupe EHF et une participation à la Ligue des Champions jusqu'en huitième de finale contre le Kiel de Karabatic, Fritz et sa colonie suédoise en 2005/2006. L'ailier gauche rejoint ensuite les bords de la Loire à Saint Cyr où il va débuter une véritable histoire d'amour handballistique. Le promu en Division 2 se hissera en LNH trois ou quatre saisons plus tard emmené par les Idrissi, Soudani, Oliver, Beliandjou et donc Spincer qui s'est mué en excellent défenseur (notamment en pointe) sous les ordres du coach Berthier. La huitième place (devant Toulouse, Nîmes, Paris, Ivry ou Cesson) dans les 1200 places de la salle Guy Drut restera comme une saison pleine pour Christophe. La suite comme une blessure en revanche : « le dépôt de bilan a cassé notre bande de potes de cinq ans et a généré une perte de motivation ».

Après une saison à Limoges en N1 puis au Stade Valeriquais en N2, c'est le rôle d'entraîneur-joueur qui va être un véritable tournant. C'est à Serris Val d'Europe que cela se passe avec un titre de champion de France de Nationale 3 en 2017 et la montée en Nationale 2 après plusieurs années de construction autour d'un vrai projet. C'est alors que l'opportunité se présente de retourner à Saint Cyr Touraine : « c'était le choix du cœur, retourner là où j'avais vécu de si belles choses et tout reconstruire en réussissant un super amalgame entre certains anciens de la belle époque et de très bons jeunes ».

Résultat : deux saisons complètes invaincues (dont un goal average complètement fou de +385) pour passer de la Prénationale à la Nationale 2 puis une belle première partie de saison avant le COVID qui permet une troisième montée consécutive et l'accession en Nationale 1. Un niveau auquel Christophe ne coachera que quatre fois (trois victoires pour une défaite) avant la coupure sanitaire et la fin de l'aventure au SCTAH. Quatre saisons pour un bilan de 54 victoires, 3 nuls et 4 défaites (soit 91% des points possibles pris) aux côtés des Fulop, Klimet, Baradji, Soille, Thévenet, Laout, Morin puis Mtima, Diaw et Indjic notamment. Sa dernière expérience d'entraîneur avant de rejoindre les bords du lac d'Annecy s'est déroulée non loin de Tours, dans le club de Bléré où il n'a pu éviter une descente inéluctable à son arrivée en janvier 2022 en effectif réduit avant une remontée immédiate en Nationale 3 suivie d'une belle sixième place au printemps dernier. Pour l'anecdote, Christophe va d'ailleurs retrouver un de ses joueurs de Bléré lors de son premier officiel sous ses nouvelles couleurs : l'arrière gauche Maxime Baunard a en effet rejoint Aix en Savoie (N2) qui sera l'adversaire d'Annecy Handball ce samedi 31 août aux Prés Riants pour le premier tour de la Coupe de France fédérale.

Il avait laissé actif un profil créé il y a plusieurs années sur Handball Transfert (la plateforme de mise en relation entraîneurs et clubs) et il est contacté fin avril par les dirigeants annéciens (à l'initiative de Sylvain Delcroix). « J'avais plusieurs pistes mais j'ai échangé avec Sylvain puis Stéphanie et Louis et le courant est tout de suite très bien passé, c'était le projet qui me correspondait le mieux », explique-t-il, lui qui connaissait du handball annécien la victoire en Coupe de France régionale en 2014 (il s'est hissé en finale de cette compétition avec Saint Cyr en 2018) et le passage de Skander Bouchkara (un de ses anciens coéquipiers en Touraine) au CSAV de Cédric Paty. Le voilà dans son nouveau chez lui à Seynod et dans son nouveau bureau à Chatenoud depuis bientôt deux mois. L'équipe première a repris l'entraînement le 2 août et débutera son championnat de Nationale 1 le 7 septembre à Nîmes. « On va jouer le maintien mais pas du tout dans la peau du petit poucet. Chaque saison, les championnats ont leur lot de surprises et on compte bien en faire partie. Il va falloir qu'on soit dans le moment présent du début à la fin, que les joueurs haussent leur niveau et moi aussi. »

Dans son approche en tant qu'entraîneur, Christophe dit « vouloir partir d'une page blanche dans le sens qu'il n'y aura aucun statut et aucun favori ». Il a trouvé « une équipe soudée à son arrivée, avec une véritable âme qu'il faudra impérativement conserver » mais il précise que chaque membre du groupe « ne doit pas avoir peur du changement mais accepter de perdre son confort ». L'accent sera mis sur la défense autour de laquelle il a toujours construit ses projets (un principe qui colle très bien avec l'identité du club annécien). « La continuité constitue le noyau et on doit surfer sur la dynamique. Le rapport de force sera cependant plus difficile : tout va aller plus vite, beaucoup de choses vont se jouer sur les détails et ce qui passait en Nationale 2 ne passera plus. J'attends que chacun respecte son rôle, que chacun se complète et que chacun s'empare de la culture de la gagne (même aux entraînements, même aux jeux d'échauffement). La victoire et la performance ne viendront pas d'une seule personne mais tout le monde doit être sur le terrain pour un projet commun, savoir ce qu'on a à faire et le faire bien et ensemble. » La conclusion pourrait se trouver dans le contrat moral qu'il a passé avec ses joueurs :

« Je veux et je vais donner de l'amour à ce club, à mon équipe, à mes joueurs. C'est de la passion, de faire en sorte de donner le meilleur de moi-même, je vais donner de mon énergie, de mon temps, de ma passion, de mon expérience. J'attends que le retour du groupe se fasse naturellement. »

Vous savez tout sur le nouvel entraîneur de l'équipe première d'Annecy Handball, celui qui, à 41 ans et après un parcours remarquable de joueur professionnel et d'entraîneur, va emmener ses troupes et se lancer sans aucune mesure dans ce championnat de Nationale 1 qui s'annonce passionnant.  

Bienvenue à toi Christophe sous les couleurs Rouges et belle saison 🔴⚪.

Article signé Romain Réal