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A plus de 53 ans avec son numéro 16 dans le dos, il fait la route depuis Sallanches deux à trois fois par semaine et il cartonne avec la réserve en tête de sa poule de Prénationale. Pascal Sérasset vit sa 38ème saison de handball, la deuxième à Annecy Handball ; un régal de parler handball dans l'interview de la semaine avec ce phénomène bien connu partout dans le département...

AHB : La réserve est première ex aequo de sa poule, comment expliques-tu de tels résultats (inédits pour cette équipe du club) ?
Séssé : "Par rapport à l'an passé, des joueurs ont plus une culture club, une autre mentalité (comme Massouty ou les frères Malmert qui sont revenus). J'ai vraiment l'impression qu'on est content de jouer ensemble. C'est parfois compliqué quand il y a beaucoup de descentes de la première quand celles-ci ne s'entraînent pas avec l'équipe. Mais il y du monde à l'entraînement, c'est un peu plus sérieux et le niveau est homogène. Je nous trouve un peu plus collectif que l'année dernière, notamment quand ça va mal (comme à Meylan au match aller)."

AHB : La formule de championnat est particulière et votre équipe ne pourra pas participer à la poule haute même si elle termine la première phase dans les deux premiers. Comment toi et le groupe appréhendez cette règle contraignante ?
Séssé : "Avec cette formule, la récompense, c'est de ne pas descendre ; compliqué donc de comprendre les motivations de chacun dans un tel contexte. A titre personnel, je pense toujours que c'est le dernier match et je veux toujours gagner donc c'est un réel plaisir cette année du coup. Les douleurs du lendemain sont plus faciles à vivre. On s'amuse ensemble, à jouer avec un bon groupe et on met de l'intensité à l'image de l'importante victoire contre Aix la semaine passée. On est forcément frustré de devoir jouer la poule de relégation, on préférerait jouer un championnat unique, même en sachant à l'avance qu'on ne peut pas monter en tant que réserve. Je comprends pourquoi la ligue a mis ce système en place, tu privilégies les équipes premières - il est vrai que les réserves peuvent fausser le championnat – mais, à l'inverse, tu tues les petits clubs en poule basse. Quelle équipe du département peut être capable de prétendre jouer en Prénationale ? C'est une grande avancée pour le club que la réserve enchaîne sa quatrième saison à ce niveau et joue le haut de tableu, d'autant plus que le niveau de la Prénationale est monté ces dernières années."

AHB : Penses-tu que le club devrait se fixer un objectif de respecter la règles des 4 joueurs de plus de 22 ans maximum sur les prochaines saisons ?
Séssé : "Je dirais oui car c'est le seul moyen d'aller plus haut ; surtout si la première se pérennise en Nationale 2. Pour cela, il faudrait un réservoir d'une quinzaine de jeunes joueurs ayant le niveau de la Prénationale avec quatre et cinq expérimentés du club pour les encadrer. Et je pense que ce ne sera pas possible de le faire seul..."

AHB : Quelle relation as-tu avec les autres gardiens seniors du club ?
Séssé : "Je m'entends très bien avec Rach car on a joué ensemble une saison au CSAV avant que je vienne à Annecy. Avec lui, pas besoin de se regarder, on se fait confiance (un peu comme ce que j'avais connu avec Pierre Jean Vernay à mes débuts à Annecy le Vieux puis avec Mathieu Anthoine, probablement mon meilleur binôme car on voyait les choses de la même façon, quitte à gommer la concurrence entre nous). La saison passée, j'avais une très bonne entente avec Evan, et je trouve compréhensible sa volonté d'aller prendre plus de temps de jeu à La Fillière. Probablement qu'il reviendra au club dans les prochaines années après avoir progressé en jouant beaucoup là bas. Avec les autres gardiens du club, je n'ai pas beaucoup de contacts si ce n'est lors des matches de la réserve."

AHB : A 53 ans et demi, tu sembles toujours à fond. Décris nous cette passion qui te motive après tant d'années de handball à faire la route depuis Sallanches deux à trois fois par semaine ?
Séssé : "Le plaisir, je me régale, notamment depuis le début de saison. Tant que je gagne et que je fais des arrêts...C'est un équilibre personnel. Je ne peux pas rester sans hand plus trois semaines, je ne me vois pas rentrer tous les soirs du boulot chez moi. Il y a des périodes de l'année où le corps et la tête envoient des alertes et cela m'impose un rythme à côté pas facile à gérer. Il y a évidemment des hauts et des bas sur une saison qui est longue mais ma seule peur est d'avoir une grosse blessure. Si je devais attendre de n'avoir mal nulle part pour jouer, ça fait vingt ans que j'aurais arreté..."

AHB : Tu occupes le poste de gardien depuis toujours, comment décrirais-tu cette fonction à part ? Selon toi, quelles sont les qualités qui font un bon gardien ?
Séssé : "Je n'ai jamais trouvé ça dur. Pour moi, l'impression que c'est naturel, tout est logique, tout se suit, je ne suis plus dans la vitesse, je suis à fond dans l'anticipation. Le bon gardien, c'est celui qui ne prend pas but, peu importe son style. C'est de l'instinct."

AHB : Retrace nous ton parcours handballistique (oui oui, on a tout notre temps...) et quelles sont les choses les plus marquantes ?
Séssé : "C'est ma 38ème année, j'ai débuté à quatorze ans à Sallanches et je n'ai eu qu'une seule année de coupure. J'ai recompté tellement çà paraît beaucoup. Je suis resté longtemps à Sallanches avant de partir de Thonon quand j'approchais la trentaine (c'était en N2 donc l'équivalent de la N1 d'aujourd'hui, je me rappelle qu'on avait joué contre l'ESM, on est descendu deux fois dont une année sans gagner un match mais c'est probablement la saison où j'ai le plus appris dans ma carrière). Retour à Sallanches ensuite puis une année à Bonneville en Prénationale puis je suis arrivé au CSAV en 1997-1998. J'y suis resté onze ans et j'ai connu les montées de Prénationale en Nationale 3 puis de Nationale 3 en Nationale 2 (bien aidé par les six arrivées de l'ESM qui venait d'être rétrogradé administrativement) et, un peu plus tard, la redescente en Nationale 3. Deux ans au Chenois Genève en troisième division suisse pour aller jouer avec les copains (on était parti à sept ou huit là bas) et manquer de très peu la montée en LNB en playoffs. Puis encore un long retour à Sallanches en Prénationale puis en Excellence, une saison dans la réserve du CSAV et j'attaque donc ma deuxième saison avec Annecy Handball.

Les choses les plus marquantes, ce sont de très belles rencontres dans tous les clubs. Mon premier entraîneur (André Haffenmayer) ou le président Perrillat à Sallanches, de vraies amitiés avec des joueurs de ma génération comme Lamourette à Thonon. Beaucoup au CSAV : Jo Bel, Pierre Jean Vernay, Mathieu Anthoine, Fred Simon avec qui on part ensemble voir des championnats du monde. Stéphane Dumez (Sallanches) a été mon témoin de mariage et plein de gens de maintenant avec qui on partage des repas de temps en temps et avec qui on boit un coup après les matches. Aujourd'hui, je joue avec des coéquipiers qui ont joué avec mon fils Bastien : par exemple, Léo Malmert (j'ai une photo de lui gamin avec Bastien en train de jouer dans le sable) ou encore Alexis Massouty ou Jérémie Vindret qui étaient dans le minibuts que je conduisais en 2013 ou 2014 avec les -18 France d'Annecy Handball."

AHB : Est-ce que l'envie de transmettre et d'encadrer des jeunes est là ? Quelles formes pourrait-elle prendre ? A quel horizon ?
Séssé : "J'ai entraîné une équipe jeune de Marignier pendant deux saisons quand mon fils Bastien jouait là bas, c'était pour donner un coup de main à Hervé Bellot. C'est compliqué d'entrainer des jeunes, je ne sais pas si j'entraînerai plus tard. Je suis égoïste pour le moment, je joue et on verra quand ce ne sera plus possible pour moi de jouer."

AHB : Si tu devais parler d'Annecy Handball à quelqu'un qui ne connaît pas le club, tu lui dirais quoi ?
Séssé : "C'est un club familial, humain, où il fait bon vivre. Quelqu'un qui vient trouvera forcément son niveau de jeu."

AHB : Tu dois choisir un bénévole du club, tu prends qui ?
Séssé : "Ce n'est pas un bénévole que je vais choisir, ce sont tous les bénévoles avec leur reine qui est au dessus. Stéphanie, je l'ai vu jouer au hand. J'apprécie vraiment qu'il y ait toujours quelqu'un pour la buvette et préparer le casse croûte, même pour la réserve, ce n'est pas si fréquent finalement."

AHB : Selon toi, qu'est-ce que le club devrait faire différemment pour s'améliorer ?
Séssé : "Il manque un endroit, un club house, pour s'asseoir, manger ensemble (pour pas trop cher, c'est important pour les jeunes), un endroit pour rester ensemble après les matches et les entraînements. Ce serait aussi plus facile d'accueillir les parents. Mais, ça demande beaucoup d'investissement des bénévoles pour faire tourner la buvette et avoir une petite cuisine. Le foot, le rugby le font très bien, même le hand dans l'est notamment..."

Merci Séssé pour tes réponses, on te souhaite un bon match demain soir contre Meylan (21h à Chatenoud), que la réserve reste dans les toutes premières places en première phase puis reste sur cette belle dynamique en 2020 pour assurer un bon maintien dans une poule "basse" qui s'annonce très relevée à partir de janvier...

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